samedi 25 juillet 2009

LA DISTRIBUTION EN AFRIQUE - Un sujet de Georges Minyem



Georges Minyem (France) a écritle 23 juillet 2009 à 21:01


Ma première préoccupation concerne la distribution des oeuvres musicales en Afrique. Je m'explique. Je suis auteur-compositeur et je produis moi-même mes albums. Autrefois, nous avions des vendeurs qui s'organisaient selon leurs propres règles de fonctionnement, mais on pouvait être distribué au Cameroun dont je suis originaire. Je parle des Mc Pop Music, Flash, Ndjocke, etc...En Côte d'Ivoire, il y avait Showbiz, qui malgré ses errances, permettait une fabrication et une diffusion des oeuvres. Aujourd'hui, ces marchands d'oeuvres culturelles ont disparu et le secteur est en crise profonde dont on n'entrevoit aucune issue. L'on peut se battre pour sortir un album, cependant, l'on n'a aucune certitude qu'il soit distribué dans nos pays, sans compter la France où le rayon Afrique brille par son vide abyssal. Ma préoccupation est donc la création d'un véritable circuit de distribution des oeuvres culturelles en Afrique francophone, et plus particulièrement au Cameroun. Quelles sont vos idées sur ce sujet ? Quelles sont vos suggestions ? Toutes les idées sont les bienvenues !!! GM




www.georgesminyem.com

10 commentaires:

  1. Message n° 2
    1 réponseVous avez écritle 23 juillet 2009 à 21:41
    Est ce que je pourrais parler de l'éradication de la piraterie et de la mise en place d'une véritable politique culturelle au Cameroun ? Car, pour avoir à vrraiment vendre les oeuvres musicales, nous devons avoir des distributeurs adéquats et adaptés pour le faire mais ceux ci, ne bénéficient pas des offres fiscales pour pouvoir rentabiliser leur plan d'affaires (au cas il en existerait).

    Car, un Cd coûte cher, trés cher alors que le coût de vie est moins disant, le smig est trés bas dans nos pays. Les politiques ont un énorme pouvoir dans ce domaine.

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  2. Scène Ebène
    A écritle 23 juillet 2009 à 23:47

    La disparition des principales maisons de distribution en Afrique francophone n'est qu'une des conséquences de la prospérité de la piraterie. Comment distribuer et amortir toutes les charges de production et d'édition d'une œuvre alors que les pirates ne vous donnent même pas le temps de finir la promo?
    Dans un contexte où les politiques pensent que la piraterie n'est pas une affaire économique mais un problème d'artistes, le combat de ces derniers ne devrait pas être celui de la lutte contre la piraterie. Ils n'en ont pas les moyens. Je trouve souvent pathétique ces concerts que l'on organise pour sensibiliser des populations à qui le pouvoir d'achat n'offre pas beaucoup de choix. Les artistes doivent organiser des manifestations contres ces gouvernants qui laisse faire.
    Ne faisons pas la politique de l’autruche, papoter sur la recrudescence du banditisme avec des policiers qui sont toujours tranquillement assis dans des ventes à emporter, bière à la main, commentant les dernières prouesses d'Eto'o fils.
    Pauvre contribuable, pauvre artiste.

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  3. Georges Minyem (France) a écritle 24 juillet 2009 à 08:11

    Je partage ton avis, scène ébène. Je ne suis pas vraiment convaincu qu'il revienne aux artistes de se transformer en combattants du banditisme dans des pays où les institutions gouvenementales doivent organiser le secteur de la production culturelle toute entière. Il y a au Camerun un institut de la propriété intellectuelle qui garantit les brevets et autres inventions, mais aussi les oeuvres de l'esprit.

    Cet institut bénéficie des subventions de l'Etat. La société de droits d'auteurs a pour but de collecter et répartir les roits d'auteurs? Je ne pense pas qu'il lui revienne de s'occuper de la piraterie, même si pour elle c'est un réel manque à gagner. En définitive, il revient à l'autorité publique de lutter efficacement contre la piraterie pas tous moyens légaux pour préserver notre créativité.A titre d'exemple, si le secteur est réglementé, il ya ort à parier que des distributeurs solliciteront leur agrément et pourront s'organiser en corporation, de même que les producteurs en syndicats comme la SCPP en France.

    Pour autant, si l'impulsion ne vient pas de l'Etat, de qui doit-elle venir ? Je veux dire que si le ministère de la culture ne favorise pas la création de telles instances, qui doit le faire ? Est ce aux artistes de faire le boulot ? J'en doute fort.

    Qu'en pensez-vous ?

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  4. Ebah Essongue (Cameroon) a répondu à : votre messagele 24 juillet 2009 à 11:44

    Très bien dit Robert. Au Cameroun les impôts sont un frein à l'entreprenariat.
    Un secteur comme la musique, moi je pense que tant les Etats africains n'offriront pas une offre fiscale qui puisse permettre aux distributeurs de rentabiliser, personne n’acceptera noyer son argent.

    Entre le distributeur qui reverse des taxes à l’Etat et le pirate qui se sucre sur la sueur du front des artistes il y’a pas de différence puisque c’est anarchie. Pourtant sans la distribution légale des œuvres originales, nous laissons davantage le champ libre aux pirates.
    Ce n’est pas aux artistes ou aux sociétés des droits d’auteur de combattre la piraterie mais c’est une mission régalienne qui incombe à l’Etat par le biais du ministère de la culture. L’Etat a les moyens (humain, juridique, materiel) pour y mettre fin. Que peut faire mon cher ami Papillon face aux pirates ? Il se fera battre dessus et bonjour les soucis pour ça famille ou il brulera 100 cd aujourd’hui et demain les pirates en feront 1000 autres.

    Pauvres artistes africains, pauvres Etats africains…

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  5. Didier J. Mary (France) a écritle 24 juillet 2009 à 12:54

    Le terme "pirate" est une facilite de langage qu'il conviendrait d'eviter de nos jours, ou l'on met un peu tout et n'importe quoi derriere le terme...

    On parle ici de contrefacon et de contrefacteurs, et cela s'applique a de tres nombreux produits, pas seulement les disques (je pense entre autres aux medicaments, par exemple).
    La contrefacon doit etre traitee via un cadre juridique fort, autorisant les "victimes" a intenter une action dans un environnement autorisant l'application de sanctions proportionnees. Donc, il convient que des lois existent, clairement ecrites, et que la chaine de "repression" fonctionne.

    Selon moi, un autre probleme est la gestion de la propriete intellectuelle. La encore, un environnement juridique clair et precis, ni trop contraignant, ni trop laxiste, encadre par de reelles structures a meme de collecter et/ou distribuer les droits d'exploitation et de diffusion, et d'intervenir le cas echeant, doit exister et etre reconnu. Les Societes Collectives de droit d'auteurs, qui ne sont que des intermediaires et doivent se comporter comme tel, doivent pouvoir exercer leurs fonctions grace a un environnement (legal et economique) favorable, au service de leurs "clients" les artistes et autres editeurs.

    C'est donc, pour moi, l'environnement juridique, pense, compris et mis en place de maniere positive, qui favorise l'eclosion des modeles economiques lies a la propriete intellectuelle. Trop ou pas assez de protection(s) et le marche n'a pas les conditions pour exister.

    Ainsi donc, avec un environnement approprie, toute personne detentrice de droits peut intenter une action contre tout contrefacteur. Pour le disque, il serait logique que ce soi(en)t le(s) producteur(s), car il(s) detien(nent) le master et sont les seuls a pouvoir autoriser la duplication. Le manque a gagner de l'artiste, s'il est remunere contractuellement sur chaque vente, vient du manque a gagner de son producteur.
    Le distributeur pourrait egalement agir, a condition d'avoir une licence de fabrication, et pas seulement de distribution, a moins de pouvoir jouer sur la notion de "parasitime" economique.

    Donc, les problemes de fiscalite me semblent secondaires. De bonnes lois et une reelle possibilite de les appliquer me paraissent etre les conditions sine qua non d'existence d'un marche de la musique.

    Mais, je vais terminer par une question tres ouverte et un peu provocatrice ;-) : a l'heure du numerique, meme en Afrique, n'est-il pas illusoire de continuer a vouloir gagner sa vie par la vente de supports "physiques" ?

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  6. Paul Tchamambé a écritIl y a 10 heures
    Salut à tous!

    Pour la majorité des thèmes de réflexion qui seront abordés sur ce groupe, les problèmes sont connus: politique culturelle de l'État, piraterie, juridiction sur la propriété intellectuelle, pouvoir d'achat, mœurs, etc...

    A ma connaissance je n'ai pas pas vu une étude de terrain sur les problèmes que connait la filière de distribution. Et si on commençait par ça?

    Des artistes et des personnes autres créent et financent un groupe qui étudiera sur le terrain les problèmes de la filière de distribution. Qu'ils partent des faits et chiffres collectés et aboutissent à une analyse.

    A partir de ce résultat documenté on pourra réfléchir et envisager des pistes de solutions possibles.

    Si vous me dites que c'est le rôle de l'État de créer ce groupe d'études, je répondrai alors:"doit-on croiser les bras et attendre?"

    Comme dernière solution j'évoquerai la disponibilité. On ne peut arriver à rien sans sacrifice, et le premier est celui du temps à consacrer à tous nos désirs de voir certaines choses évoluées.

    Je pense qu'à la suite de nos réflexions, pensons à nous:"homme connais toi, toi même". En dehors de la motivation et des bonnes idées avons nous:
    - du temps pour aller sur le terrain
    - des ressources financières et matérielles pour s'autofinancer
    Il y a bien d'autres questions à poser à soi même.

    A mon humble avis, ceux qui réfléchissent doivent être absolument ceux qui vont sur le terrain pour agir de manière concertés un peu comme une équipe de football où chacun à son rôle. Cette condition, parmi beaucoup d'autres, permettra un réel développement.

    Salutations

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  7. Cindy Afane Ela a écritIl y a 19 minutes

    Gars fallair pa m'inviter jne comprends rien à ce ke vs racontez la sérieux

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  8. Armando Noah Koungou

    Aujourd'hui à 15:05

    très bonne initiative, GM. Mais, mon souhait serait que nos artistes actuels, fassent d'abord une introspection en ce qui concerne les œuvres qu'ils souhaitent nous proposer...

    Fini le bavardage ou la grossièreté inutiles, vils et déplacés. Dès lors, nos artistes pourront avoir le soutien de ceux qui sont pour des œuvres vraiment ARTISTIQUES, auxquelles nous sommes prêts à apporter notre soutien indéfectible

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  9. Julius Essoka
    Aujourd'hui à 10:16

    Bonjour à tous,

    Georges, il est intéressant de remarquer que les artiste se sont définitivement lancé (oui désormais) à combler le vide "abyssal" dont tu parlais.

    1) Piraterie en Afrique ; de la vente de supports.
    Pour le cas du Cameroun, Manuel Wandji a initié CULTURE MBOA, un réseau de distribution des artistes en les proposant dans les points de fréquentation de la classe moyenne, et plus. Il est parti des instituts qui font l'événementiel vers les super marchés, voire la descente dans les rues, des équipes de jeunes habillés aux couleurs de sa marque pour vendre les supports. C'est à féliciter. Toutefois, il a manqué le volet culture musicale à ces enfants, qui vendraient mieux si on leur apprenait au préalable a présenter « la musique comme un produit de grande consommation qui a ses propres lois». C’est un autre débat.
    Donc, dans la suite de cette première initiative qui prend de l'ampleur, la presse cette semaine a parlé d'autres musiciens qui se lancent dans le même créneau; Gaby Shunt (et ses associés), Ben Decca avec un espace de vente et de diffusion…

    (à suivre)

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  10. Julius Essoka (suite)

    Tout ceci n'est pas nouveau; je me souviens que Foty (du duo Tim & Foty) et des partenaires avaient déjà à la fin des années 80 lancé Lancelot-Foty Music (ma mémoire flanche sur le nom de la structure qui avait même produit des artistes comme Tiger, Roger Etia, Toucouleur etc ) et en 1993 déjà, le regretté Tom Yom's s'y collait avec Eagle Music, au Carrefour Tiff à Douala. Ceci pour dire que les initiatives ne manquent pas...

    La résolution du problème passe par un meilleur réseautage, comme celui que les vendeurs de disques avaient sur place pour approvisionner par ces temps de fort enclavement et de manque de moyens de transport et autres TIC, même les zones les plus reculées. Disons-le tout de suite, la prolifération des structures va certainement nuire aux bonnes volontés. Créons des réseaux locaux bien solides dans nos pays respectifs et voyons comment les arrimer à d'autres pays. Cherchons par exemple les modèles qui sur le continent, ont réussi à donner de bons résultats, et prenons-les comme pilotes, si nous tenons à cet idéal panafricaniste! Pour une fois, on se targuera même de n’avoir appris que de nous-mêmes !

    2) Lutter contre la piraterie.
    La première accusation qui donne un blanc-seing est sur le prix des supports. Passons les tracasseries douanières et autres taxes créées à l’humeur d’un fonctionnaire qui parce qu’il a passé une mauvaise nuit, va transposer sa déception conjugale sur la vie de tout le processus des œuvres de l’esprit (comme ils aiment l’appeler), ouvrons les yeux sur le comportement du « mélomane ». Le prix des bières qui flambe au jour le jour ne dissuade pas nos frères et sœurs de battre leur propre record au quotidien ("j'en ai bu 10, X ou Y en a tué 13)... et pour écouter la musique qui va avec ou qui les nourrit spirituellement, ils veulent que ce soit moins cher qu’un verre de bière. Alors, soit ils veulent que l’artiste leur offre un CD _« dédicassé », soit ils vous le montrent le lendemain avec une pochette aux couleurs ternes et crachant de l’encre le long de sa surface… Bref, il faut qu'on sache TOUS que l'art est un gros investissement.
    CE MEME PEUPLE PEUT, ET DOIT DECIDER, il lui faut un autre sens du civique et de la propriété, pas uniquement la propriété intellectuelle. Il peut même organiser ses stratégies ; la dernière anecdote à Douala, raconte que les vendeurs de copies piratées du CD de Hugo Nyame, ne sont pas les bienvenus dans son fief de Deido. Cela a jasé, et pourtant les gars se sont mis à carreau.

    On souvent a parlé de la volonté politique et de celle, à titre personnel, des autorités qui peuvent changer la donne; laissez-moi rire car ils n'ont pas la tête à ça, ils « écoutent très souvent » de la musique classique, du jazz, des noms tirés des hebdomadaires français ou américains quand ces répertoires qu’on s’impose pour faire semblant, les poussent au sommeil dès les premières notes...

    Tenez, pour faire mauvais genre, il faut reconnaître que c'est cette même piraterie qui est en train de ramener notre patrimoine musical à la vie en proposant des œuvres vieilles de quelques décennies et de faire redécouvrir notre passé musical en plus d’entretenir la fibre de notre Jeunesse phagocytée par les télévisions dites de la mondialisation. Tout le monde veut écouter les succès d’hier et là, malheureusement, l'artiste ne reçoit rien ; son prestige renaît, et quelqu'un d’autre empoche la mise, tranquillement... Ce qui revient à dire qu’il y’a également un problème d’éditeurs à combler. Entretemps, ce vide pousse des gaillards à porter des CDs le long des bras _ et certainement pour longtemps encore !!! Triste époque!!

    Bonne semaine!
    Julius

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